Graphothérapie

Tu n’as pas mal quand tu écris ? (Article : Vanves Infos)

Remplaçons la phrase : « Tu écris mal »
par une question plus éclairante : « Tu n’as pas mal quand tu écris ? »

Votre enfant, ou vous-même, êtes peu à l’aise en écrivant :

Vous écrivez mal, lentement, avec effort. Des douleurs apparaissent  sous forme de  tension, crampe ou raideur au niveau des doigts, du poignet, du coude, de l’épaule. Vous aimeriez écrire avec plaisir, ne plus vous sentir bloqué, stressé et arrêter de dire :

 » Mon écriture est illisible, brouillonne, désordonnée… J’en ai parfois honte ; elle ne me représente pas en profondeur ; elle m’entrave dans la poursuite de mes études, dans mon métier. Pourtant, je fais de mon mieux. « 
La graphothérapie, qui s’adresse à des personnes présentant des troubles dans leur relation à l’écriture, peut vous aider.

Qu’est ce que la graphothérapie ?

La graphothérapie s’étaye sur un travail de relaxation spécifique du geste graphique en difficulté et prend compte de l’engagement  du corps dans l’acte de tracer.

Comment se déroule le travail de graphothérapie ?

  • axer son attention sur la posture de l’enfant ou de l’adulte face à la feuille de papier (une assise confortable, un bon appui)
  • tracer face à la personne en montrant de façon très précise ce qui est mobilisé chez lui au niveau du bras, du coude, de la main
  • lui proposer à son tour de s’engager sur la feuille, et dans un premier temps, de s’appuyer sur sa propre trace et de l’imiter
  • l’aider à favoriser des gestes libres et détendus qui vont se déployer en tracés amples sur des grandes feuilles de format raisin à l’aide de gros pastels de couleurs différentes. En prenant conscience progressivement de son malaise corporel (attitude voûtée, tensions au niveau du bras, de la main, transpiration…), la personne va pouvoir verbaliser ce qui la gêne et plus à l’écoute d’elle-même. Elle pourra (re) trouver une posture et un geste personnel qui l’aideront à trouver, à son rythme, un mode d’inscription plus tranquille.

Au plan graphique :

La personne (re)développe le plaisir d’écrire avec efficacité. L’écriture s’améliore en tant qu’instrument et mode de communication,  elle satisfait le scripteur ainsi que son entourage.

Au plan psychologique :

Le contrôle émotionnel se stabilise et contribue ainsi à renforcer l’image de soi ; la relation aux autres est plus souple, à l’image de l’écriture qui n’est plus entravée par une gestion du tonus inégale. Le stress est mieux géré.

Ouverture :

Comment comprendre qu’un enfant ou un adolescent – d’un bon niveau intellectuel – soit sportif, n’ait aucun problème de motricité fine (il adore faire des puzzles, des constructions savantes de lego, est donc habile de ses mains), lise sans difficulté… et face à l’écriture perde tous moyens ?

S’approprier l’écriture implique, en fait, des enjeux importants. Ne dit-on pas que les écrits demeurent ? Ecrire engage plus fondamentalement la personne que la parole qui parfois s’envole. Pour le jeune, l’acquisition de l’écriture l’aide à grandir, à prendre sa place dans le monde, d’autant plus qu’il en accepte les contraintes inhérentes à son apprentissage progressif : contrainte de se plier à un code de lisibilité, de respecter la mise en page, d’accepter d’apprendre et d’intégrer  un cadre, donc des limites. Apprendre à écrire signifie se  détacher peu à peu du cocon familial pour ensuite se relier aux autres grâce à un support tangible, permanent, lisible par tous.
Ecrire signe notre identité.

On le voit, ces enjeux de taille ne peuvent se réduire à une dimension instrumentale.

Et pour nous, adultes, quels échos cette réflexion nous renvoie-t-elle ?

Quizz :

A quoi est due  » la crampe de l’écrivain  » ?

Réponse :

La  » crampe de l’écrivain  » est liée à l’état de tension qui saisit la personne quand elle doit écrire. Elle se fatigue vite, bloque sa respiration, ressent un malaise corporel. La graphothérapie, dont l’objectif est d’avoir une relation à l’écriture plus sereine, serait ici bénéfique.

Au fil des mots :

Il y a de la danse dans l’écriture et beaucoup plus de travail manuel qu’on imagine ordinairement (Michel Butor).

On ne peut bien dire que dans le manque (Christian Bobin).

Rappelez- vous… La plume devait monter, lentement, monter, monter encore, en prenant garde de ne pas se laisser piéger dans les fibres du papier. Sinon, c’était l’accident, la feuille transpercée et le pâté assuré. Mais si l’ascension avait été correctement négociée, après un virage effectué en tirant la  langue, c’était enfin la joie de la glisse, le coeur léger et la main lourde sur la plume qui descendait tout schuss. Ah, la magie des pleins et des déliés qui s’enchaînaient, des mots et des phrases qui surgissaient miraculeusement de la main courant sur la feuille ! (Jean Lacouture)